top of page

Le Chemin du vent
Sur une musique de Matthieu Saglio

Une époque plus lointaine de ma vie, cligne des yeux dans la poussière des jours. Me voici dans ma chambre d’enfant, elle communique avec le vieil escalier de bois qui monte au grenier. Parfois, la porte s’ouvre brutalement, en pleine nuit, sans raison. C’est un mystérieux courant d’air. La clenche ferme mal. Mon père ne la répare pas. Les années sont passées. Dans le couloir de ma maison, la porte qui donne sur la cave ferme mal. Parfois, elle frappe sur le chambranle, et je sursaute quand j’écris. Aucune ouverture ne justifie cette poussée d’air. Peut-être est-ce le chemin secret du vent.

Tiré de l’album El Camino de los Vientos,  Produit, composé,  interprété par Matthieu Saglio, violoncelle. Accompagné par Léo Ullmann, violon.

Ou autre chose. La voix d’un violoncelle m’ouvre la voie. Comme on sort d’une mauvaise nuit.  Les volets s’écartent. Le soleil inonde la pièce. L’aimée traverse la fenêtre itinérante de mes yeux. Cette clarté n’est pas en soi inspirante, elle peut être belle, c’est vrai, mais sa force réside dans ce qu’elle éclaire : mes pas perdus sur les terrains vagues d’une humanité en pagailles agitées. Je ne suis qu’une infime partie du bras de levier, sur le loquet d'une future tombe. L’aimée me ramène à la vie. Je la laisse partir, ça claque des ailes, je la laisse partir sur une portée de vent. Sa présence vibre encore longtemps dans les paumes de mes mains. Quand elle revient, il n’y a rien à ajouter.

in "Les Heures claires", extrait d'un récit en cours.

​

Semblance... 

Sur une musique de Christophe Delvallé 

Ce village, dont l’église abritait la sépulture de dom Pérignon, l’inventeur du champagne. Je pensais que c’en était fini avec ma ligne de chance et puis, est apparu ce coucher de soleil intérieur. Dans le halo rouge-orangé de l’abat-jour. Une émouvante mèche en virgule collée sur sa tempe. Les traits décontractés du visage dont la nudité est la médiatrice de notre relation à l’autre. Chez cette femme, un ovale d’enfance qui ne trompe pas, qui accueille. C’était quand ? J’ai oublié. 

Pas l’ambiance. Ce mot viendrait du latin ambire, entourer.

 

Semblance. in "Un ange passe",  composé et interprété par Christophe Delvallé

On prend un bain, on nage d’une île à l’autre, on se rejoint. Son souvenir ne ternit pas avec le temps. En nous, l’ambiance crée une semblance, une apparence, une forme. Elle laisse une trace et parfois rencontre une sœur jumelle ou une âme sœur : c’est la ressemblance. Voilà pourquoi l’ambiance nous habite longtemps et nous rend parfois plus habitable celle qui nous entoure. Elle frappe à la porte des sens et déterrent les moments forts ensevelis. Certaines compositions musicales peuvent créer une ambiance particulière, qui jouera le rôle d’une correspondante sur la tranchée des jours, une « marraine de guerre » avec laquelle on pourra échanger ses états d’âme, trouver réconfort et incitation à tenir bon. 

En écoutant Yogameri...

J’écoute ce type à barbiche, fines lunettes, polo clair,  regard doux et voyageur, qui joue de la guitare, dans un salon, devant un piano au repos et une lampe allumée, abat-jour rouge.

Fin d’année. Les bêtisiers. Les bonnes résolutions. Les efforts budgétaires. Les bilans. Cinq tonnes de jasmin sont récoltées à Grasse. Un tireur fou sur un marché de Noël à Liège...

​

Ne plus avoir besoin d'intermédiaire : rencontres virtuelles, phonebanking, self-service, distributeurs automatiques, scanners-caissières à codes barres…

​Mon épouse passe dans le salon, le mien, pas celui où joue le guitariste, mais c’est un peu pareil.  Plus italienne que jamais, lentement, elle passe, en jeans, le mouvement du jeans. Légers sourires, légers échanges.

J’essaie de déployer une vision juste du réel. Je respire  l’instant.  Je dois relancer Youtube et repartir au clavier.  Je reprends les mots dès que le guitariste reprend ses notes.

Le jugement est aveugle, il nie le mystère et la complexité des êtres. J’essaie d’être patient envers l’autre et je tolère qu’il ne soit pas comme je le voudrais, parce que je sais qu’il doit, lui aussi, m’accueillir tel que je suis. Même si, ce fou qui tire dans le tas, Place St Lambert, ça me…

Je sais, chaque vie quelle qu’elle soit nuit aux autres, dès lors, le jeu, l’enjeu, face à la colère, c’est de trouver les antidotes quotidiennes. Le frénétique vivra chaque instant comme le dernier, passera sa vie à penser à la mort, à force de vouloir l’oublier. L’immobiliste se réfugiera dans son passé ou dans le futur. Avec l’imprudence de celui qui crée, il ne nous reste plus qu’à avancer dans les ruines de l’instant.

Chios.jpg

Carte postale sonore 
"Bons baisers de Chios"

Douceur d'une nuit d'été

RTBF - La Première

00:00 / 05:05
image sous menu 5.jpg

Textes écrits au centre culturel de Nethen,

en improvisation directe,

sur une performance visuelle et sonore de :

 

Marc Frankinet, trompettiste.

Georges Hermans, pianiste.

Ingrid Boxus, photographe (partie 1).  

Garrett List, trombone (partie 2).

 

PEINTRE :

Raphaël Demarteau

Quai n°1

 

Avez-vous vu la passerelle du 20H42 ? Diagonales sonores. Plonge ? Plonge ! Souffleur de VERT ! Piano touches. Souffleur de VERRE.   Noir Murano. Souffleur de VERS. Poésie sur baladeur. Du Blaise Cendras. Free Jazz et trains mythiques. Bonjour allégresse ! Ce n’est pas aimez-vous Brahms, ce n’est pas du Bonjour tristesse. Mais, bordel, une nouvelle Sagan entre dans la toile en décapotable « or trompette ». Bruit de pneus → Chiffons sur toile. N.Y. Central Park. Manhattan. Bill Evans sort d’une lumière tamisée au centre d’un trapèze. Retour toile ← Visage sur la toile NORD OUEST. Porté par du cristallin au clavier.  Piston swingué. Ah, le palpitant ! Des enjambées au pinceau.  Des ancres jetées dans l’encre. Noir encore, mais comment poursuivre avec tant de nuit dans les mains ? La solution, les cuivres. Une courbe contre une course. Musique-peinture en accord-raccord. Un pacte. Un cessez le feu. Un cessez le jeu.  Quelques secondes. Salle d’attente. Juste le calme au pinceau. Un vol de papillon qui même pourchassé ne semble pas pressé. Un instant de zénitude. Puis un PIC ↑sonore. Plusieurs piquetages de pointu-aigu. Suivi par un haut plateau d’alpage. Quelle belle vue ! Belvédère, donc /// ↑↓ Ingrid sol en si. En  cils. Minceur. Descente de reins. Califourchonement. Prise de pose. Pause. → ←  Une octave sur un déclic de diaphragme. Une gradation : de sauvage à moyen bas. Retour toile ← Tirage de l’échelle graduée vers le haut du PORTRAIT. Nez d’empereur de profil. Sel et poivre au-dessus du crâne chauve.  → Image & son. Passage de notes clairvoyantes. Claires et voyantes. ← Retour toile.  Infiltrés de gris sombres. Parachevés, au final, du sourire en coin du peintre.

Quai n°2

 

Photons en NOIR&BLANC sur le 22H42. Une projection sur écran. Et. Garrett. La boîte à trombones  s'est renversée en semant des dizaines de pe¬tites agrafes sur ma table. Sur laquelle, la bougie vient de mourir. J’écris au dos du tarif des boissons (deuxième feuillet). Dans la pénombre. Les che¬veux du public sont en désordre. Les senteurs aussi, mêlées à l’odeur de peinture. Solvants. Sol et vent. Scène d’après l’amour. Les vêtements sont éparpillés, un peu partout, comme les idées. Retour toile ←. Des pas sur la neige. Tandis que les musiciens font la pluie. Ça tambourine sur le toit des silences. Retour toile ← .NORD OUEST. Encore. DISPARITION D’UN VISAGE... Remplacé par des sangles sanguines. Un coulis. Carrément.  → Musique. Notes aigles. Doigts aux becs pointus. Puis ça tressaute des deux pieds dans la flaque d’eau… comme l’enfance !!! ← ECHANGES → CUIVRE. 22H53. Ballade. C’est comme aimer et être aimé, mais en même temps.  → Musique De l’humour dans l’espace temps. Air et eau. Travelling sur ma gauche :  Beau sentiment sonore au clavier. Triolet de notes sur du bleu. Une campagne en ville. Le vent dans les bruissements des feuillages. Probablement des peupliers d’Italie qui bordent une petite route rectiligne qui mène au Hameau. ← Retour toile. Bleu  au SUD-EST. Vibrato sur notes obliques. Palettes sonores. Un éventail de douceurs.  → .22H54  Sifflement au trombone sur spray. ← Retour toile. Ondulation d’éléphant sur l’oreille du profil survivant. Celui du moine théologien au crâne de porcelaine. Col blanc d’ecclésiaste. Barrettes rouges de cardinal. Ambiance finale en plaisirs brodés. Du cousu main.

bottom of page